Merci la vie !

MERCI LA VIE !

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de quelque chose d’un peu spécial et personnel. Le meilleur ami de mon fils s’est éteint à l’âge de 24 ans suite à un malaise cardiaque alors qu’il n’avait jamais eu d’antécédents. Il était en train de finir sa maison qu’il avait bien pris soin de rénover avec un goût exquis. Il avait beaucoup de projets dont celui d’avoir un enfant avec sa compagne.

Stupeur ! Arrêt sur image ! L’impression que le monde s’écroule, l’incompréhension, la colère, le sentiment d’injustice. Toutes ces émotions nous ont pris de plein fouet et bien d’autres encore. Nous connaissions Pierre depuis son plus jeune âge, nous aimions sa façon un peu bourrue d’être toujours là pour rendre service…

Le chagrin de mon fils et de ma belle-fille tellement fort…

J’ai eu la tentation d’effectuer des rondes E.F.T. avec mes enfants, avec mon mari. J’ai eu la tentation de vouloir gommer cette souffrance et puis j’ai réalisé qu’il fallait laisser la souffrance faire son travail, qu’il fallait nous laisser façonner par elle pour que tout cela ait un sens, que Pierre ne soit pas mort pour rien.

J’ai quand même fait quelques rondes sur moi pour toute la famille et celle de Pierre et aussi des méditations mais je me suis laissée porter par ce que mes émotions me disaient et même si c’était dur de voir mon fils ainé bouleversé alors que je ne l’avais plus jamais vu pleurer depuis l’âge de 10 ans, j’ai laissé faire, j’ai juste été là pour écouter, pour accompagner, pour pleurer avec lui, avec tous ceux qui pleuraient.

Et juste au même moment (ne me parlez pas de hasard) je tombe sur un livre extraordinaire de Jacqueline Kelen “divine blessure”*. Et là je comprends que mon instinct m’a guidée, que j’ai fait le bon choix, que nous ne pouvons pas éviter toutes les blessures, qu’elles sont là pour nous dire quelque chose, qu’elles sont là pour nous façonner. Bien sûr le décès d’un jeune c’est une blessure extrême mais je veux croire que ce décès a aussi un sens extrême,  que Pierre est mort pour nous dire quelque chose et qu’il est de notre devoir d’écouter ce que cette mort veut nous dire et de faire notre possible pour intégrer ce message à notre vie ! Cela me parait la moindre des choses ! Nous devons cela à Pierre. Que nous écoutions, ressentions, ce que cette mort veut nous dire !

Laissons-nous façonner par la vie et par ses blessures.

En ce moment j’ai un peu l’impression d’être remuée comme les galets le sont par la mer, comme eux je me laisse façonner, même si parfois c’est dur, que  j’ai vraiment l’impression d’être trop remuée, trop bousculée, que je me révolte, que je résiste et forcément que je souffre. La souffrance vient de la résistance. Laissons-nous façonner. Heureusement toutes les blessures ne sont pas aussi fortes que celle dont je viens vous parler, mais entrainons-nous à ne pas résister et suivons le courant de la vie !

N’est-ce pas cela que l’on appelle le lâcher-prise, bien que comme Louise Gervais, je n’aime pas tellement ce mot car il y a le mot « prise » qui contredit le mot « lâcher », je préfère le mot « Confiance ». Soyons le plus possible dans la confiance !

Et cela n’empêche pas de rester dans la joie. Je suis d’ailleurs convaincue que lorsqu’il arrive quelque chose comme le décès de Pierre, il est aussi de notre devoir de garder notre joie. Offrons notre sourire, surtout à ceux qui souffrent le plus !

Et remercions la vie, remercions là de nous offrir tout ce qu’elle nous offre chaque jour, chaque matin…. Réfléchissons à ce que nous aimons le plus dans notre vie et remercions, remercions !!!

Et oui, MERCI LA VIE !!!

* Ce livre nous présente la blessure comme une ouverture et nous enjoigne à ne pas vouloir à tout prix se guérir de tout